Le coût de la pollution de l'air en Île-de-France
En Île-de-France, les maladies chroniques dues à l’exposition à la pollution de l'air entraînent des pertes économiques évaluées à 2,1 milliards d’euros chaque année. Ce chiffre est le résultat d’une étude conjointe de l’Observatoire régional de santé Île-de-France et d’Airparif publiée en janvier 2025. Ces pertes sont causées par les consultations médicales, la consommation de médicaments, les hospitalisations, les besoins d’accompagnement social, les modifications majeures du domicile, les absences au travail, les retraites anticipées, la baisse de la productivité au travail, un accès à l'emploi plus difficile, et globalement la perte de bien-être et de qualité de vie des personnes malades et de leur famille.
Cette évaluation concerne les coûts économiques uniquement associés aux maladies chroniques, mais n’inclut pas l’ensemble des coûts sanitaires, ni ceux liés aux décès prématurés causés par cette pollution. Elle vient donc amplifier les pertes économiques entraînées par les décès dus à la pollution de l’air en Île-de-France, à elles-seules estimées à 25,5 milliards d’euros (en euros 2018), soit un coût de plus de 2 000 € par an et par Francilien. A titre de comparaison, la surveillance de la qualité de l'air menée par Airparif coûte 0,8 € par an et par Francilien (chiffres 2024).
Le coût de l’amélioration de la qualité de l’air et les bénéfices pour la santé
A Grenoble, une étude a montré que le coût des actions les plus efficaces pour améliorer la qualité de l’air, et donc réduire la pollution de l'air, est inférieur aux bénéfices que ces mesures apportent en matière de santé.
Le remplacement des moyens de chauffage au bois par des moyens de chauffage peu ou pas polluants, ainsi que l’usage du vélo et de la marche à pied à la place de la voiture, y sont identifiés comme des mesures particulièrement efficaces économiquement.
Le coût global de la pollution de l'air en France
Selon la dernière évaluation complète effectuée pour la France dans un rapport du Sénat de 2015, les impacts de la pollution de l’air coûtent chaque année en France entre 1 150 et 1 600 € par habitant. Ces impacts sont à l’origine d’une perte d’environ 4% du PIB de la France, soit 72 à 101 milliards d’euros de pertes économiques par an, parmi lesquels :
- Le coût des 40 000 décès prématurés annuels en France évalué à 48 milliards d’euros par an.
- Le coût des hospitalisations et des soins entrainés par les pathologies dues à la pollution de l’air qui s’élève à plus de 3 milliards d’euros par an.
- Le coût de la perte de productivité et des arrêts de travail qu’entrainent les pathologies dues à la pollution de l’air qui est de 165 millions d’euros par an.
- Le coût de la dégradation des bâtis et des réfections à 3,4 milliards d’euros par an.
- Le coût de la baisse des rendements agricoles et forestiers à un peu moins d’un milliard d’euros par an.
source : infographie Les Echos à partir de Jean-François Husson et Leila Aïchi. Rapport fait au nom de la commission d’enquête sur le coût économique et financier de la pollution de l’air. Sénat (2015)
Santé publique France a estimé en 2025 que les maladies chroniques dues à la pollution de l'air étaient à l'origine de 13 milliards d'euros de pertes économiques chaque année en France. Cette estimation n'intègre pas le coût des décès prématurés.
Le coût de la pollution de l'air intérieur
Par pollution de l'air intérieur on entend la pollution de l’air extérieur mal évacuée des logements du fait d’un manque de ventilation, les cheminées ouvertes, le tabac, le radon, et dans une moindre mesure la pollution générée par les gaz polluants émis par certaines peintures, bougies aromatiques, matériaux et produits ménagers.
L’Observation de la qualité de l’air intérieur (OQAI) a estimé en 2014 que la pollution de l’air intérieur était responsable de 20 000 décès prématurés chaque année en France conduisant à un coût financier de l’ordre de 19 milliards d’euros de pertes économiques par an.
L’étude de l’OQAI prend en compte la mortalité prématurée du fait des maladies, des pertes de bien-être et de qualité de vie dues aux années en mauvaise santé, les pertes de productivité, le coût des soins, des recherches publiques et de la prévention, etc.
Les pertes de rendements agricoles en France
L’ozone de basse altitude est un polluant de l’air qui réduit la croissance des plantes, et impacte donc à la baisse les rendements agricoles. L’Ineris estime notamment que la pollution à l’ozone de basse altitude est responsable d’une perte de rendement de blé tendre et de pommes de terre en France de 5 % à 15 % en fonction des années.
Une étude de l’Ademe montrait qu’en 2010, l’ozone de basse altitude était responsable d’environ 2,2 milliards d’euros de pertes économiques pour la production agricole en France :
- Pour le blé tendre, près de 1 milliard €
- Pour les prairies, plus de 1 milliard €
- Pour les pommes de terre, plus de 200 millions €
Le coût global de la pollution de l'air dans le monde
Une estimation de la Banque mondiale montre que le coût global des pertes économiques dues à l’impact de la pollution de l’air sur la santé est de 8 100 milliards de dollars par an, soit 6,1% du PIB mondial perdu. Ces pertes sont plus élevées dans les pays les moins avancés économiquement.
L’OCDE évaluait en 2016 que la pollution de l’air était responsable de 1,2 milliard de jours de travail perdus chaque année.