Un pesticide est une substance utilisée pour lutter contre des organismes considérés comme nuisibles. C'est un terme générique qui rassemble :

  • Les « produits phytosanitaires » ou « phytopharmaceutiques » utilisés en agriculture, sylviculture et horticulture,
  • Les produits zoo-sanitaires, les produits de traitements conservateurs des bois,
  • De nombreux pesticides à usage domestique : shampoing anti-poux, boules antimites, poudres anti-fourmis, bombes insecticides contre les mouches, mites ou moustiques, colliers anti-puces, diffuseurs intérieurs, etc.

Dans une acception plus large, comme celle de la réglementation européenne, ce peut être des régulateurs de croissance ou des substances qui répondent à des problèmes d'hygiène publique.

 

Pesticide et air

La contamination de l’air par les pesticides est une composante de la pollution de l'air qui demeure moins documentée vis-à-vis d'autres milieux. Il n’existe pas à ce jour de plan de surveillance national, ni de valeur réglementaire sur la contamination en pesticides dans les différents milieux aériens (air ambiant et air intérieur). Ce n'est qu'en 2000 que les premières mesures de pesticides dans l’air ont été réalisées par les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) afin d’établir un premier état des lieux de la présence de ces substances dans l’atmosphère sur le territoire national. Les mesures se sont ensuite intensifiées, permettant d’obtenir une couverture géographique nationale à l’exception des DOM. Près de 100 000 mesures ont ainsi été réalisées. En ce qui concerne l’air intérieur des habitations ou des bâtiments publics, seules quelques initiatives, notamment dans le cadre de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI), ont permis de mettre en évidence la présence de pesticides dans ce milieu.

L’utilisation des pesticides ne se restreint donc pas au domaine agricole, puisqu’ils sont aussi localement utilisés pour l’entretien de la voirie, des voies ferrées, des parcs et jardins, des cimetières par les "jardiniers amateurs", par les golfs et les hippodromes, etc.

Les différents types de pesticides, suite à leur application, se dispersent de manière plus ou moins importante dans l’environnement et notamment dans l’atmosphère. Les composés peuvent se retrouver dans l’air ambiant, soit lors de l’application des produits, soit après traitement, en se volatilisant à partir du sol et de la végétation.

Ainsi, de 25 à 75 % des pesticides appliqués seraient transférés vers l’atmosphère selon les modes d’application et les conditions climatiques.  La présence de pesticides dans l’air ambiant a été démontrée, notamment par de nombreuses études dans les régions françaises, aussi bien en zone rurale qu’en milieu périurbain et urbain, avec des concentrations variant du dixième à plusieurs dizaines de nanogrammes par mètre cube selon les composés et les sites.

 

Les pesticides urbains et ruraux

Airparif a mené par le passé deux campagnes régionales de mesure, une au printemps 2006, et une en 2013-2014. En juin 2018, une campagne nationale exploratoire (CNEP) a été lancée. Pilotée par l’ANSES et l’Ineris, dans le cadre du Laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air (LCSQA), elle vise à dresser un état des lieux des résidus de pesticides retrouvés dans l’air ambiant en France et s’appuie sur des mesures en régions réalisées par les AASQA. Les résultats ont été rendus publics en juillet 2020.

Dans le cadre de la CNEP, deux sites ont été instrumentés en Île-de-France par Airparif pendant un an, de juin 2018 à juin 2019 : un en milieu urbain (Paris 18ème) et un en milieu péri-urbain (Rambouillet) sous l’influence agricole des grandes cultures. L’instrumentation de ces sites permet de documenter l’exposition moyenne de la population en situation de fond, à savoir loin des sources d’émissions, qui était un objectif de la CNEP. 

Sur les 75 substances actives priorisées par l’ANSES en fonction de leur dangerosité et de leur persistance dans l’air, 72 ont été recherchées en Île-de-France, dont 27 herbicides, 23 insecticides et 22 fongicides.

Sur les 72 substances analysées en Île-de-France, 30 ont été détectées au moins une fois sur l’un des deux sites de mesure : 7 insecticides, 10 fongicides, et 13 herbicides. 6 de ces substances sont frappées d’interdiction et 1 est autorisée uniquement en tant que biocide (ne concerne pas les traitements agricoles) en France.

Les résultats de cette étude confirment les enseignements des précédentes campagnes de mesure menées par Airparif : un plus grand nombre de substances est détecté en milieu urbain (Paris 18ème), mais les concentrations en pesticides dans l’air ambiant sont plus élevées en milieu périurbain (Rambouillet) sous l’influence agricole des grandes cultures. De plus, la variabilité saisonnière est marquée, avec des concentrations maximales relevées pendant l’automne, mais une plus grande diversité de substances relevée au printemps.

En termes d’évolution dans le temps, sur 49 composés communs, le nombre de substances détectées au printemps en milieu rural diminue entre 2014 et 2019, alors qu’il augmente en milieu urbain. Plus spécifiquement, le nombre d’insecticides et d’herbicides détectés a augmenté en milieu urbain sur la période, mais est resté stable en milieu rural. Le nombre de fongicides, lui, a diminué sur la période à la fois en milieu rural et en milieu urbain.

 

Vers une surveillance pérenne des pesticides dans l’air ?

Atmo France, fédération du réseau national des AASQA rappelle les enjeux du PREPA et la nécessité de la mise en œuvre d’une surveillance nationale règlementaire adossée à des valeurs de gestion. L’élaboration de ces dernières est incontournable afin de répondre aux questionnements et problématiques locales des territoires.

Dans cette attente, les recommandations sont les suivantes :

  • Multiplication des sites de mesures pérennes afin de produire une information locale, fiable et représentative ;
  • Incorporation de la mesure des pesticides dans l’air ambiant comme indicateur de suivi dans les dispositifs actuels de réduction de l’usage des pesticides ;
  • Mise en place d’une plateforme nationale d’enregistrement des produits phytopharmaceutiques pour centraliser aussi bien les achats de pesticides que leur utilisation recommandée par le rapport parlementaire de la mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate de novembre 2019 (Rapport d’étape de la mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate, novembre 2019) ;
  • Et prise en compte du suivi des pesticides dans l’air dans les politiques de santé environnementale.