29 juin 2018. Saisie par les ministères de la Transition écologique et de la Santé, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) préconise la mise en place d'une surveillance réglementaire pour treize nouvelles substances. Ces polluants comprennent : des métaux (manganèse, cuivre, vanadium, cobalt, antimoine), des gaz (sulfure d'hydrogène, acrylonitrile, 1,1-2-trichloréoéthane, trichloréthylène) et des particules (particules ultrafines et carbone suie), avec une recommandation de surveillance accrue pour le 1,3-butadiène, les particules ultrafines et le carbone suie.
Ces conclusions s’appuient en partie sur les travaux menées en France par les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air comme Airparif qui ont apporté des diagnostics sur les niveaux de ces substances non règlementées. Au-delà de son rôle de surveillance des polluants inscrits dans la réglementation, l’association assure un rôle de vigie par rapport aux polluants "émergents" du fait du développement de nouvelles technologies, d’enjeux sanitaires ou d’interrogations sociétales. D’autant que certains d’entre eux permettent une meilleure compréhension de phénomènes atmosphériques, comme le carbone suie qui est à la fois un polluant de l’air et contributeur au dérèglement climatique, avec de plus des effets sur la santé. L’ensemble de ces travaux sont mis à dispositions de tous pour compléter les connaissances, alimenter la recherche, informer les décideurs et le public, et in fine, permettre l’évolution de la réglementation et limiter l’exposition de la population à ces substances.
Les particules ultrafines :
En Île-de-France, la mesure des particules ultrafines (plus petite que 100 nanomètres, et donc qu’un virus) remonte à 2003 avec un site de référence instrumenté à Gennevilliers par Airparif, en collaboration avec l’INERIS. En complément, plusieurs mesures ont été mises en place sur des sites différents, par exemples le long du trafic, ou pour des problématiques spécifiques comme pour le chauffage au bois. Pour aller encore plus loin, un appareil permettant le comptage de 128 classes de particules ultrafines de 7 à 8 nanomètres jusqu’à 1 micron sera installé en 2018. Actuellement, seules les particules PM10 (inférieures à 10 microns) et PM2.5 (inférieures à 2.5 microns) sont réglementées.
Le carbone suie :
Les mesures de carbone suie ont été initiées en 2009 à travers une vaste étude spécifique sur les particules qui visait à renforcer les connaissances sur leurs sources afin de mieux quantifier les différents contributeurs. Pour ce faire, leur composition était un élément clé. Or le carbone suie est un très bon traceur combustions locales, qui apporte des informations précieuses, par exemple lors d’un épisode de pollution, pour connaitre la part du trafic francilien. Différents projets de recherche ont complété cette étude (PREQUALIF avec Primequal, REBECCA avec l’ADEME, en partenariat avec le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement) et une surveillance permanente a été mise en place en 2013 et depuis 10 sites mesurent ce polluant en permanence sur la région.
Ratio proximité/fond sur les grands axes pour le carbone suie et les PM10 à Paris
Le 1,3- butadiene :
Le 1,3- butadiene, est suivi depuis 2003 comme composant de la famille des composés organiques volatiles (COV), tout comme le benzène, le toluène et le xylène qui sont eux réglementés, un point de mesure permanent est installé dans Paris.
Les métaux :
Les niveaux de différents métaux dans l’air ambiant sont observés par l’intermédiaire de campagnes de mesure, avec des mesures spécifiques selon les problématiques, plutôt industrielles, comme le manganèse autour de raffineries, ou en lien avec le freinage, comme le cuivre de câbles électriques, dans certains systèmes de transport.
Pesticides, pollens et moisissures :
L’ANSES a rappelé ses précédentes conclusions quant à la pertinence d’une surveillance de ces autres polluants non réglementés. Là aussi, les niveaux de pesticides en Île-de-France, tant en zone rurale que dans le cœur de l’agglomération, ont été évalués par d’importantes campagnes de mesure (en 2006 et 2014), avec une cinquantaine de composés mesurés à différentes saisons. Une campagne nationale est d’ailleurs en cours, pilotée par l’Anses, avec l’Ineris en tant que membre du laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air (LCSQA) et le réseau des Associations Agréées pour la Surveillance de la Qualité de l'Air (AASQA). Deux points de mesure sont installés en Île-de-France.
Quant aux pollens, le réseau national de surveillance aérobiologique produit chaque semaine deux bulletins en période de pollinisation, diffusé sur le site internet d’Airparif. (voir bulletin pollens)
Dans son plan stratégique 2021 (PRSQA), Airparif prévoit de renforcer l’observation de tous ces polluants mais également pour d’autres polluants non-règlementés tels que les métaux nobles, l’ammoniac et le nitrate d’ammonium pour améliorer les connaissances sur la pollution de l’air et ses impacts.
Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, a salué la publication de l’avis de l’ANSES. Il indique que sa mise en œuvre progressive concernera
- Le renforcement de la surveillance de ces composés pour les Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) soumises à autorisation.
- La poursuite des travaux de l’ANSES, en particulier pour les substances nécessitant des données supplémentaires.
- Et qu’ « avec l’appui du laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air (LCSQA) et des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air, le Gouvernement renforcera les modalités de surveillance des concentrations dans l’air pour le 1,3-butadiène, les particules ultrafines et le carbone suie. L’ANSES sera sollicitée pour fournir ses recommandations sur les stratégies de surveillance les plus efficaces, y compris pour le lancement de campagnes nationales de surveillance complémentaires ».
Pour en savoir plus
Airparif actualité carbone suie
Airparif actualité pesticides en Île-de-France (2016)