Les enfants, qui ont un système respiratoire en développement, sont d’autant plus sensibles à la qualité de l’air intérieur (prévalence de l’asthme, des allergies, etc.). De plus ces locaux (crèches, salles de classe) présentent une densité de population assez importantes.
La pollution dans les espaces clos provient à la fois des polluants intérieurs issus des produits et objets de notre quotidien ainsi que de l’environnement extérieur immédiat. La problématique spécifique des polluants intérieurs dans les crèches et les écoles françaises a été abordée lors d’une étude pilote lancée en 2009 par le ministère de l’Environnement suite au Grenelle de l'Environnement (loi Grenelle 2). Depuis, le ministère de la Transition Écologique a mis en place une surveillance obligatoire. L’étude de la qualité de l’air extérieur aux abords de ces établissements permet de compléter l’évaluation de l’exposition des écoliers.
Les polluants "classiques" de l’air intérieur se retrouvent dans les écoles et les crèches, auxquels s’ajoutent des polluants spécifiques, en lien avec les activités des enfants en classe ou en crèche.
Les fournitures scolaires, les colles et les peintures peuvent être des sources de COV (composés Organiques Volatils) ou d’aldéhydes. Le benzène et l’hexane sont été mesurés dans les salles de classes, à des niveaux plus faibles que celles d’autres COV comme le n-butanol, propylène glycol, 2-éthylhexanol, 2-butoxyéthanol, méthylisobutylcétone (MIBK). Parmi les fournitures scolaires testées par l’OQAI dans le cadre d’une étude, voici celles les plus émettrices : peinture acrylique, encre de Chine, feutre effaçable à sec, gouache liquide et peinture vitrail. Dans l’optique de réduire les émissions des fournitures scolaires, l’ADEME a publié des recommandations.
Les produits ménagers (produits ménagers ou d’hygiène) peuvent également être une source importante de pollution dans les écoles et les crèches. Certains produits contiennent des COV (Composés Organiques Volatils, dont le formaldéhyde) ou encore de l’éther de glycol, des parfums. Du fait du taux d’occupation des locaux du type salles de classes ou crèches, et des personnes sensibles présentes, une attention particulière doit être portée aux produits d’entretien utilisés et aux conditions d’utilisation.
Enfin, une vigilance sur le mobilier doit être apportée, notamment du fait de la surface importante qu’il représente dans les salles de classes notamment. Dans les écoles et les crèches, le mobilier est généralement en panneaux de bois collés. Il constitue une source d’émissions de COV (composés Organiques Volatils), présents dans les peintures, vernis, lasure ou dans le bois lui-même. Le futur étiquetage des produits d’ameublement est en cours de rédaction et permettra de choisir des produits peu émissifs. Depuis le 01/01/2020, l’étiquetage des meubles en bois est obligatoire (pour une première mise sur le marché au 01/01/2020).
Les concentrations observées en air intérieur sont dépendantes des "sources" (émissions) mais également de la ventilation (naturelle, VMC, climatisation) en place au sein de la pièce. Les recommandations générales en matière d’aération et de ventilation sont présentées dans la page dédiée.
Dans les établissements scolaires et les crèches, la notion de "confinement" est évoquée pour caractériser un air insuffisamment renouvelé. Il est dû généralement à une forte densité d’enfants dans les pièces et à un renouvellement de l’air insuffisant. Outre la présence d’un système de ventilation efficace, l’aération ponctuelle via l’ouverture des fenêtres peut s’avérer nécessaire.
Le suivi des teneurs en dioxyde de carbone (CO2) dans les salles de classe et les salles de vie des crèches permet de déterminé un indice de confinement. En effet, le CO2 est émis par les personnes présentes dans la pièce. À trop forte concentration, le CO2 peut entraîner des maux de têtes, voire une altération des performances scolaires.
Des boitiers de sensibilisation à cette problématique ont été développés et permettent, via un système simple de voyant, de connaitre le confinement de la pièce :
- voyant vert : tout va bien !
- voyant rouge : il est temps d’aérer la pièce.
Une étude pilote a été réalisée en 2009 sur sur la qualité de l’air dans les écoles et crèches françaises par le ministère de la Transition Écologique. Airparif y était associée pour des mesures en Île-de-France. L’objectif de cette campagne nationale était de valider un protocole de mesure pour toutes les écoles-crèches du territoire. Les mesures concernaient 300 établissements, avec le suivi de deux polluants : le benzène (issu notamment du trafic routier) et le formaldéhyde (celui-ci, par exemple présent dans les colles et les panneaux agglomérés, est caractéristique de l’air intérieur). En complément, des mesures de dioxyde de carbone ont également été réalisées comme indicateur de confinement. L’étude a été réalisée en deux phases : phase I durant l’année scolaire 2009-2010 et phase II ; durant l’année scolaire 2010-2011.
En Île-de-France, les résultats de l’étude montrent que la valeur guide maximale pour le formaldéhyde (30 µg/m³ sur une année) est respectée (à l’exception d’un établissement de la phase II). Les niveaux de benzène relevés étaient quant à eux plus forts que sur l’ensemble du territoire à cause des niveaux plus élevés dans l’air ambiant en Île-de-France (en lien avec la densité du trafic). Pour 95 % des établissements de la phase I et 85 % des établissements de la phase II, les moyennes restaient inférieures à la valeur repère (5 µg/m³) établie par le Haut Conseil de santé publique pour l’air intérieur. Enfin, les mesures de CO2 révèlent que 30 % des établissements franciliens de la phase I et 43 % de la phase II, sont en situation de confinement (manque d’aération).
Cette campagne a permis d’aboutir à un protocole de mesure en vue d’une réglementation mise ne place progressivement à partir de 2018 dans les établissements recevant des enfants.
L’OQAI a poursuivi des mesures via une campagne nationale dans les écoles entre 2013 et 2017 sur 300 écoles. La liste des polluants suivis a été élargie aux particules, COV, aldéhydes, métaux et agents biologiques. Les conclusions mettent en avant une qualité de l’air intérieur dans les écoles françaises globalement assez satisfaisante. Les valeurs guides réglementaires en formaldéhyde et benzène (cf. paragraphe "Quelles normes en air intérieur dans les ERP (établissements recevant du public) ?") sont majoritairement respectées dans les écoles. Une vigilance est observée pour les particules, les COV semi-volatils, le plomb et le confinement des classes. Des travaux de recherches sur ces polluants vont être poursuivis par l’OQAI.
La surveillance de la qualité de l’air intérieur dans certains établissements recevant du public sensible, notamment les lieux accueillant des enfants, a été rendu progressivement obligatoire à partir de 2018 : 2018 pour les crèches, à partir de 2020 pour les centres de loisirs, collèges et lycées. Le dispositif comporte :
- une évaluation des moyens d’aération, pouvant être effectuée par les services techniques de l’établissement,
- la mise en œuvre d’une campagne de mesures de polluants par un organisme accrédité ou une auto-évaluation de la qualité de l’air au moyen d’un guide pratique permettant d’établir un plan d’action pour l’établissement.
Les sources de pollution intérieures, ainsi que la ventilation en place sont déterminants pour la qualité de l’air intérieur, mais le transfert de la pollution extérieure vers l’intérieur impacte aussi l’exposition des enfants. La problématique des écoles situées à proximité des voies à grande circulation sont régulièrement évoquée.
Airparif s’est intéressée plus globalement aux publics sensibles et notamment aux jeunes enfants dans les crèches et les écoles en croisant les données de qualité de l’air extérieur et localisation des établissements recevant du public (ERP). Cela prend également en compte les structures d’hébergement des personnes âgées, hôpitaux, mais aussi les terrains de sport en plein air sont situés à moins de 500 m d’un axe routier majeur (ce qui correspond à 8 255 établissements, sur Paris et Petite couronne), croisé avec les concentrations estimées avec la mise en œuvre de la ZBE (Zone Basse Emissions, devenue ZFE – Zone Faible Émission). Ce croisement a été réalisé à la fois pour chaque polluant considéré dans l’étude (NO2, PM10 et PM2.5) pris individuellement et pour les trois polluants conjointement.
En 2016-2017, 27% des établissements considérés (1 ERP sur 4) sont en situation de dépassement de la valeur limite pour dioxyde d’azote. Dans le scénario "Fil de l’eau "en 2019, du fait de l’amélioration continue de la qualité de l’air, cette part diminuerait et atteindrait 16%, soit 1 ERP sur 6. La mise en place de la 4ème étape de la ZFE parisienne permettrait de limiter ce chiffre à 1 ERP sur 20 (soit 4% des établissements). L’extension de la ZFE à l’intra A86 se traduirait par une baisse supplémentaire, avec la mise en place d’une ZFE étendue à l’intra A86, avec 1.5% des établissements considérés en situation de soit 1 ERP sur 70.
La mise en place d’une zone de basses émissions (ou toute mesure équivalente qui permettrait d’accélérer le renouvellement du parc roulant et/ou de réduire le trafic) aurait un impact important sur les concentrations de dioxyde d’azote.
Plusieurs projets ont vu le jour sur cette thématique et proposent des outils. Voici quelques exemples :
- Des fiches créées par l’UNICEF
- Le très complet site avec des diaporamas animés, des quiz, vidéos, guides pédagogiques, ou encore ce site, tous les deux à destination des enfants (primaires, collégiens et lycées), et des adultes notamment des enseignants.
- À destination des collectivités, l’ADEME a établi le guide Ecol’air. Ce document fournit des fiches conseils sur les sources et les solutions pour réduire la pollution intérieure dans les écoles.