5 mai 2021. La Ville de Paris et Bloomberg Philanthropies, en partenariat avec Airparif, ont lancé en 2019 un projet pilote visant à recueillir des informations sur la pollution de l’air aux abords des établissements scolaires et d’expérimenter de nouveaux outils de mesure pendant un an, de septembre 2019 à septembre 2020. L’étude a porté sur 44 crèches, écoles et collèges parisiens et sur plusieurs rues adjacentes. Ce projet pilote a apporté un éclairage sur la potentielle valeur ajoutée et les nécessaires modalités d’utilisation et de contrôle des micro-capteurs, en lien avec le dispositif de surveillance et d’information existant à Paris.
Les mesures du dispositif de surveillance et par tubes à diffusion recueillies par le projet, ont confirmé la décroissance des niveaux de pollution de la rue par rapport aux cours des établissements. Cette situation s’explique principalement de par l’éloignement ainsi que l’effet protecteur des murs séparant la cour du trafic routier. Cette étude permet de quantifier cette décroissance des concentrations de polluants par l’éloignement des axes routiers dans 44 établissements parisiens. Pour illustration, la différence de concentration de dioxyde d’azote (NO2, polluant principalement émis par le trafic en Île-de-France) observée entre la rue et la cour est de 36% en moyenne dans les établissements étudiés. Les baisses varient en fonction de l’aménagement de l’école au regard de la rue mais sur l’ensemble de l’expérimentation les niveaux de dioxyde d’azote mesurés dans les cours d’établissements respectent les recommandations de l’OMS. Bien que les niveaux de pollution diminuent sur Paris depuis plusieurs années, les recommandations de l’OMS ne sont pas respectées pour les particules fines (PM2.5, dont les sources comprennent également le trafic mais sont plus variées) sur les 44 établissements étudiés comme sur l’ensemble du territoire parisien, cela illustre la nécessite de continuer à agir pour améliorer la qualité de l’air.
Cette expérimentation visait également évaluer la contribution potentielle des micro-capteurs à un dispositif de surveillance de la qualité de l’air. Au-delà des qualités techniques intrinsèques aux appareils et de leur durée de vie, cette expérimentation grandeur nature d’un an met en avant la nécessité de disposer d’un dispositif de surveillance performant basé sur un ensemble d’outils de références (réseau de stations de référence, cartographies, couplages des mesures par tubes à diffusion pour le NO2…) pour valider en permanence la qualité des données produites par les micro-capteurs et les conditions d’utilisation associées. Par conséquent, en air extérieur, il est déconseillé d’utiliser un réseau de micro-capteurs seul pour assurer la surveillance et l’information du public. Qui plus est sur une thématique de santé publique avec des enjeux juridiques, économiques et médiatiques.
In fine, dans cette expérimentation, les micro-capteurs n’ont pas permis d’apporter plus d’informations que le dispositif de référence et les outils de cartographie à très haute résolution existants quant aux différences entre les cours d’école et les rues avoisinantes. Toutefois, les micro-capteurs restent à l’heure actuelle de formidables outils de pédagogie qui doivent être utilisés pour aider à sensibiliser la population à la qualité de l’air, comme en témoigne le projet de participation citoyenne avec la Ville de Paris "Respirons mieux dans le 20e" ou celui avec les collégiens et les lycéens franciliens. Ce sont également les enseignements du Challenge micro-capteurs d’Airlab qui souligne par ailleurs les perspectives de ces technologies en air intérieur avec une meilleure fiabilité, notamment pour des polluants indicateurs du niveau d’aération dans une salle comme le CO2.
Les résultats et les enseignements du projet sont mis à disposition de tous et notamment des autres villes qui étudient actuellement le déploiement de réseaux micro-capteurs similaires pour la mesure des particules fines et du dioxyde d’azote.