22 novembre 2021. Au tout début de la saison estivale, l’Île-de-France a connu un épisode de pollution à l’ozone (dépassement du seuil d’information) durant la journée du 15 juin 2021. Cette période présentait en effet des conditions météorologiques propices à la formation d’ozone : des températures supérieures à 30°C, une grande phase d’ensoleillement (15h sur une journée), des vents très faibles peu favorables à la dispersion des polluants. Le tout combiné aux émissions de polluants atmosphériques, en particulier les composés organiques volatils (COV) et les oxydes d’azote (NOₓ), propices à la formation d’ozone (O₃) par réaction chimique dans l’atmosphère.
La survenue d’un seul épisode de pollution à l’ozone pendant tout l’été représenté en soi une particularité notable par rapport aux années précédentes. Cette singularité s’explique par les températures et l’ensoleillement peu élevés rencontrés pendant l’été 2021 en Île-de-France, au regard des normales saisonnières de ces dernières années. À titre de comparaison, 9 épisodes de pollution à l’ozone ont été constatés en 2020.
L’ozone, polluant lié au réchauffement climatique
L’ozone est un polluant secondaire, c’est-à-dire qu’il n’est pas directement émis dans l’atmosphère par une ou des sources spécifiques, mais qu’il se forme dans l’atmosphère par réaction entre deux autres polluants, les oxydes d’azote (NOₓ) et les composés organiques volatils (COV), sous l’action des rayons UV du soleil et de températures élevées. Ces polluants précurseurs de l’ozone ont des sources diverses en Île-de-France : les oxydes d’azote (NOₓ) sont très majoritairement issus du trafic routier ; quant aux composés organiques volatils (COV), ils proviennent de l’industrie, de l’utilisation de peintures et de solvants (que ce soit par des professionnels ou des particuliers), du trafic routier (en particulier des deux-roues) et des végétaux. À ces sources d’émissions locales s’ajoutent des imports de polluants en provenance d’autres régions, voire d’autres pays.
L’ozone est le seul polluant réglementé dont les concentrations moyennes annuelles augmentent en Île-de-France : +96% entre 1993 et 2019. Cette augmentation est constatée sur l’ensemble de l’hémisphère nord, et ce, malgré la baisse des émissions de polluants précurseurs de l’ozone ces dernières années, notamment à cause de la hausse des transferts interrégionaux d’ozone et de ses précurseurs, ainsi que du rôle aggravant joué par le changement climatique (multiplication des vagues de chaleur).
Les épisodes de pollution ont aussi un impact immédiat sur la santé
En plus d’effets sur la santé à moyen et long termes, les épisodes de pollution à l’ozone et aux autres polluants, comme le dioxyde d’azote et les particules, ont également un impact immédiat sur les admissions aux urgences comme sur la mortalité selon une étude de l’INSEE publiée en juillet 2021. Selon l’étude, ces effets sont visibles le jour même de l’épisode de pollution. Ils sont distincts selon les polluants :
- un surcroît d’ozone dans l’air cause une hausse des admissions pour motif respiratoire le jour même
- une augmentation du monoxyde de carbone entraîne, quant à elle, une hausse des admissions aux urgences pour motif cardiovasculaire, en particulier chez les plus âgés.
- une hausse des particules fines provoque une hausse de la mortalité, liée respectivement à une cause cardiovasculaire ou respiratoire.
Des chercheurs de l'INSERM et de Sorbonne Université, en collaboration avec l'université de San Diego, ont analysé les bénéfices des mesures d’alertes mises en place lors des épisodes de pollution sur la santé publique dans la revue Environment International. Ils en ont déduit que ces mesures avaient permis d’éviter 390 décès entre 2011 et 2015 en Île-de-France. Néanmoins, l’étude rappelle que les effets chroniques de la pollution de l’air sur la santé restent supérieurs à ceux liés aux épisodes de pollution, et nécessitent donc l’instauration de mesures structurelles pour améliorer la qualité de l’air en Île-de-France dans la durée.