7 décembre 2016. Depuis une semaine l'Île-de-France subit un important épisode de pollution de l’air dû à des niveaux soutenus en particules (PM10). La situation observée en Île-de-France n’est toutefois pas unique et concerne d’autres villes en France et en Europe. Dans ce cas précis, le phénomène est peu lié à des transferts de pollution, mais plutôt à une accumulation de la pollution dans les zones urbaines du fait de ces conditions anticycloniques très stables, sur une partie de l’Europe, qui plaque la pollution au sol et limite sa dispersion comme autant de couvercles au-dessus des métropoles. Certaines d’entre elles commencent seulement à mettre en place des mesures de restriction.

 

Évolution de la situation

Le seuil d’information et de recommandations (1er seuil) a été dépassé mercredi 30 novembre et celui d’alerte (2ème seuil) jeudi 1er et vendredi 2 décembre. Un dépassement du seuil d’information en dioxyde d’azote (NO2) a été relevé simultanément le jeudi 1er décembre.
Si la situation s’est améliorée pendant le week-end, les niveaux sont remontés dès le début de la semaine avec un dépassement du seuil d’information lundi 5 décembre, puis du seuil d’alerte mardi 6 et mercredi 7, avec une nouvelle prévision de dépassement de ce seuil pour jeudi 8 décembre.

Pour les jours à venir, le maintien de l’anticyclone laisse présager une poursuite de ces niveaux de pollution élevés. 

 

Historique

Les concentrations élevées constatées sont essentiellement liées à des émissions locales plus importantes dues à la fois au chauffage domestique, notamment le chauffage au bois, et au trafic routier. En parallèle, des  conditions anticycloniques très marquées (absence de vent, inversion de températures marquée et très basse) favorisent l’accumulation des polluants près du sol.

Cet épisode se démarque par des niveaux soutenus de part leur intensité et leur durée. Une concentration maximale de 146 µg/m3 de particules a été enregistrée en moyenne sur la journée de jeudi dans l'agglomération parisienne. Un tel niveau correspond à un des épisodes hivernaux les plus importants de ces dix dernières années, les précédents remontant à janvier 2009 et décembre 2007. Ponctuellement, les niveaux horaires ont atteint des records (jusqu’à 259 µg/m3). De plus, si des épisodes de pollution printaniers comme ceux de mars 2014 et 2015, ou des épisodes de pollution estivaux à l’ozone comme en aout 2003 ont pu durer deux semaines, cette situation est rare en hiver. 

Cependant, un tel épisode ne traduit pas une dégradation de la qualité de l’air sur le long terme à Paris.

 

Mesures de restriction

Compte tenu de cette situation, les mesures d’urgence prises par la Préfecture de Police dès la semaine dernière ont été renouvelées en ce début de semaine. Elles concernent notamment le chauffage au bois et le trafic routier. Le chauffage au bois d’appoint ou d’agrément est en effet interdit pendant l’épisode de pollution. S’agissant du trafic routier, les mesures ont été renforcées mardi 6 et mercredi 7 avec la mise en place de la circulation alternée, en plus des limitations de vitesse et du contournement des poids lourds. La gratuité des transports en commun a également été mise en place par le STIF (Syndicat des transports d’Île-de-France) et des mesures sont prises dans certaines villes, telles que la gratuité du stationnement résidentiel.

Ces mesures, y compris la circulation alternée, sont reconduites jeudi 8 décembre.

 

Impact de la circulation alternée 

En Île-de-France, 40 000 personnes sensibles vivent, travaillent, vont à l’école, font du sport ou sont hospitalisées le long d’axes routiers importants en Île-de-France pour lesquels les niveaux de pollutions sont quotidiennement supérieurs aux normes. Leur exposition à la pollution est encore plus importante ces jours-ci, puisque c’est le long du trafic que la pollution est la plus forte.  

Toutes celles et ceux qui ont respecté la mesure de circulation alternée ont agi pour limiter leur propre exposition, en tant qu’automobiliste, et celle des personnes sensibles. Diminuer le trafic a pour objectif  de limiter l’intensité d’un épisode et l’accumulation de polluants d’un jour sur l’autre. L’expérience de mars 2014 montre que c’est le long des routes que cette mesure a le plus d’effet : -6 à -10% selon le polluant, voire -20% aux heures de pointe.

Mais l’impact d’une telle mesure dépend grandement de son suivi. Or, le 6 décembre 2016, deux fois moins de véhicules ont respecté cette mesure par rapport à mars 2014. Une baisse de -18% des émissions dû au trafic routier en mars 2014 contre une baisse entre -5 à -10% pour la journée du 6 décembre 2016. Son impact a donc été très limité par rapport aux bénéfices observés les fois précédentes.   

 Évolution moyenne du trafic sur la zone - mars 2014

Diminution des niveaux de pollution - mars 2014

 

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