7 septembre 2021. Afin de contribuer à la lutte contre la propagation du Covid-19, un projet pilote de la Ville de Paris appuyé par Airparif a évalué l’impact de capteurs de CO sur les pratiques d’aération des salles dans les établissements accueillant des enfants.

Dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, le Haut conseil de la santé publique recommande d’aérer les espaces clos à partir de 800 ppm de CO dans l’air intérieur, pour s’assurer d’un bon renouvellement de l’air et ainsi limiter les risques de propagation aéroportée du virus.
Suivant ces recommandations, la Ville de Paris a mis en place une expérimentation en partenariat avec Airparif. Dans le cadre de cette expérimentation, les données de 311 capteurs de COont été exploitées pendant 1 mois dans différentes salles (classes, dortoirs, réfectoires, salles de pause) de 112 établissements parisiens allant de la crèche au collège.
Cette expérimentation visait à évaluer l’impact de la présence de ces capteurs sur les changements de comportement et ainsi sensibiliser et accompagner aux bonnes pratiques d’aération pour assurer un meilleur renouvellement de l’air intérieur.

 

Le projet comportait plusieurs volets : 

- améliorer les connaissances sur les niveaux de CO dans les établissements accueillant des enfants via l’analyse des données collectées par les capteurs réalisée par Airparif ;
-  évaluer l’impact de  la présence des capteurs sur les pratiques d’aération en menant une étude comportementale réalisée par deux chercheurs en psychologie sociale. La séparation des capteurs en deux lots distincts – les "capteurs Test" dont l’affichage était visible et les "capteurs Contrôle" dont l’affichage était masqué – représentait l’un des éléments essentiels de cette étude comportementale. 

 

Les principaux enseignements de l’expérimentation

1. Concernant les niveaux de CO dans les établissements 

  •  25% des données collectées se situent à des niveaux bien au-delà du seuil recommandé de 800 ppm.
  •  Les niveaux relevés sont plus faibles dans les réfectoires. Cet enseignement représente une bonne nouvelle étant donné les risques accrus de contamination dans les lieux clos où les occupants ne portent pas de masque.
  • Les concentrations en CO sont en moyenne plus élevées dans les crèches que dans les écoles et les collèges.
  • Le dépassement du seuil recommandé est fréquent : 80% des salles ont enregistré au moins un dépassement un jour sur deux.
  • La durée des dépassements est très variable : de quelques minutes à plusieurs heures.
  • Le temps moyen de montée des concentrations de CO au-delà du seuil recommandé est de 40-50 minutes pour les crèches et de 20-30 minutes pour les écoles et les collèges.
  • Concernant la vitesse de retour sous le seuil, l’expérimentation montre qu’une aération de 10 minutes permet de perdre entre 50 et 200 ppm de CO₂.

2.    Concernant l’impact de la présence des capteurs (affichage visible) sur les pratiques d’aération

  • Le capteur constitue une véritable aide à l’aération : plus de la moitié des participants déclarent avoir changé leurs pratiques d’aération, face au constat que le dépassement du seuil recommandé arrivait plus rapidement qu’ils ne l’auraient pensé et que le temps nécessaire pour redescendre sous ce seuil avec l’aération était aussi plus long qu’ils ne l’imaginaient. 
  • La présence du capteur avec affichage visible – le capteur Test – a sans doute permis à de nombreux participants de remettre en cause leurs croyances initiales sur les niveaux de CO₂ dans leur salle, grâce aux observations directes permises par le capteur. L’aération des salles équipées de capteurs Contrôle était laissée à la libre appréciation de l’enseignant, sans indication des niveaux de CO2.
  • La présence de capteurs semble donc avoir influé sur les pratiques d’aération des participants, avec des aérations plus fréquentes et plus efficaces, créant ainsi une voie d’entraînement pour des changements de comportement pérennes.

 

Les recommandations   

Les résultats de l’expérimentation permettent de proposer plusieurs recommandations aux enseignants et personnel éducatif.
Pour un créneau d’une heure : 
-  Chaque aération doit durer au minimum 10 minutes ;
-  Aérer à l’arrivée des enfants (ou pendant l’interclasse pour les collèges) ;
-  Aérer 30 minutes après l’arrivée des enfants ; puis à intervalles réguliers de 30 minutes.

Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, ces recommandations doivent s’accompagner du maintien des gestes barrières (port du masque, distanciation physique, lavage des mains et des surfaces). Ils restent indispensables même avec de bonnes pratiques d’aération. L’aération régulière des espaces clos fait baisser le risque de transmission du virus par aérosols, mais ne l’annule pas et n’a pas d’impact sur les autres modes de transmission (par gouttelettes et par contact). 

Rappelons aussi que la qualité de l’air intérieur et la bonne aération des locaux restent des enjeux en dehors de la lutte contre le Covid-19.