08 mars 2019. Le King’s college et Airparif publient les résultats d’une étude portant sur l’impact spécifique des mesures sur le trafic visant à améliorer la qualité de l’air de Paris et Londres.

Publiée dans la revue scientifique « Environmental Pollution » l’’étude s’intéresse spécifiquement à la part de la pollution liée au trafic routier. Les modèles utilisés ont été choisis pour analyser les évolutions des niveaux de pollution : d’une part, les oxydes d’azote (NOx), dont le dioxyde d’azote (NO2) en raison de leur forte présence dans les émissions du trafic routier et d’autre part,  les particules (PM10 et PM2.5), dont le trafic est également une source importante, même si elle n’est pas la seule. La période considérée 2005-2016 inclut la mise en place de différentes politiques. Elle permet d’éclairer notamment l’incidence de l’évolution du parc automobile avec la mise en place des normes euros ou celle de mesures locales, comme l’instauration des zones de faibles émissions qui influencent fortement la composition du parc automobile (et son renouvellement) en limitant l’accès des véhicules les plus polluants aux centres urbains.

Les résultats fournissent des éclairages utiles pour tous les décideurs préoccupés par la pollution liée au trafic routier. Ils montrent, par exemple, l’impact de la diésélisation du parc durant la période 2005-2009 dans les deux villes sur l’augmentation des niveaux de dioxyde d’azote. A l’inverse, l’incidence de la norme Euro V pour les véhicules lourds est positive avec l’observation d’une diminution de la pollution pour les deux polluants. Les résultats fournissent des éléments précis pour comprendre pourquoi certaines actions comme la zone de faible émission de Londres, bien qu’ayant permis une amélioration de la qualité de l’air, n’a pas permis d’atteindre les objectifs escomptés sur les concentrations de polluants dans l’air ambiant soulignant le besoin d’adéquation entre les normes euros et les émissions en conditions réelles.

Cette étude rend vigilant sur l’impact d’une possible perturbation des effets attendus sur la concentration des polluants au regard de l’augmentation du nombre de deux-roues motorisées et de véhicules à moteur diesel. Plus positivement, depuis 2016, des modifications sont intervenues avec l’introduction de la norme euro 6 qui autorise des tests sur route plus proche des niveaux d’émissions en conditions réelles de circulation. Elle illustre également le besoin de complémentarité entre les mesures locales et les mesures nationales et européennes.

Depuis 2018, Airparif développe des mesures à l’émission pour des bus en conditions réelles d’exploitation en partenariat avec Île-de-France mobilité. Airparif accompagne également des collectivités dans leurs actions pour l’amélioration de la qualité de l’air et la compréhension des facteurs déterminant son évolution notamment par rapport aux enjeux de la ZFE parisienne (depuis septembre 2015) et de la ZFE métropolitaine qui est actuellement en consultation. D’autres mesures visent également à améliorer la qualité de l’air, en agissant à l’échelle de la région et sur différentes sources comme le chauffage. C’est le cas du plan de protection de l’atmosphère.   

L’étude exhaustive réalisé par le King’s College et Airparif est dans « Environmental Pollution ».

Ci-dessous, les principaux résultats sont présentés.

Pour le Dioxyde d’azote

 

- Sur la période 2005-2009, la part des concentrations de dioxyde d’azote liée au trafic a augmenté dans les deux villes. Ceci est lié à la composition du parc routier, notamment la part de véhicules légers diesel, aux 2 roues et aux véhicules de norme Euro 4.
- Avec l’introduction de la norme Euro V pour les véhicules lourds, à partir de 2010, une décroissance des niveaux de dioxyde d’azote liés au trafic a été observée. En revanche, la norme Euro 5 sur les véhicules légers diesel n’a pas permis de baisse significative des niveaux. Cette situation s’expliquerait par des émissions de ce polluant en conditions réelles de circulation très largement supérieures aux standards correspondant à cette norme.

Pour les particules (PM10) et les particules fines (PM2,5)

- La baisse des niveaux de particules est plus ancienne à Londres qu’à Paris du fait de la mise en place d’une zone de faible émission en février 2008. Cette mesure a eu comme conséquence un remplacement plus rapide des poids lourds de norme Euro III qui explique une baisse des niveaux de particules PM10 dès la période 2005-2009 à Londres. Par ailleurs, à Paris, la plus grande part de 2-roues motorisés pourrait aussi expliquer la baisse moins importante de ces particules.

- Depuis 2010, la forte baisse des niveaux de particules PM10 dans les deux villes provient de mise en place et du développement de la norme Euro 5 sur les véhicules légers diesel.

- Pour les particules plus petites (PM2.5), Paris présente une baisse significative de la part liée au trafic sur la période 2010-2016. Elle a pour origine l’introduction des véhicules légers diesel de norme Euro 5. Une baisse moins importante à Londres pourrait s’expliquer, à son tour, par l’augmentation des 2-roues motorisés dans la capitale britannique.