10 mai 2016. Malgré une amélioration pour le dioxyde d’azote, en 2015, plus de 1.5 millions de Franciliens sont toujours exposés à des niveaux de pollution qui ne respectent pas la réglementation. Pour les particules et l’ozone, la situation ne s’est pas dégradée mais elle reste également insatisfaisante.
Par rapport à 2014, les niveaux de particules marquent une stabilité et ceux de dioxyde d’azote sont en légère baisse. Ce mieux s’explique par des conditions météorologiques plutôt favorables à la dispersion de la pollution tout au long de l’année 2015, à l’exception cependant de la période d’épisodes de pollution de mars. De plus, des températures hivernales très douces ont limité l’usage du chauffage (sauf en février). En revanche, sur le moyen terme, c’est surtout la conjugaison de mesures réglementaires et incitatives de diminution des émissions, européennes, nationales et locales, qui ont permis cette tendance à l’amélioration.
Quant à l’ozone, c’est le seul polluant pour lequel les niveaux moyens ont augmenté au cours des dernières décennies. Cette hausse se stabilise : ce que confirment à nouveau les niveaux de 2015 par rapport à ceux de 2014. A noter que ce polluant n’est pas directement émis dans l’atmosphère mais se forme suite à des transformations chimiques sous l’action des rayons du soleil. L'ozone fait partie des polluants qui ont des impacts à la fois locaux, sur la santé et la végétation, et à l’échelle de la planète comme gaz à effet de serre. Son seuil de protection de la santé est dépassé tous les ans dans l’ensemble de la région Capitale, mais de façon plus importante en zone rurale.
Au-delà de cette pollution chronique quotidienne, 2015 a été marquée par le même nombre d’épisodes de pollution qu’en 2014 (16 jours). Ces épisodes ont essentiellement concerné les particules avec cependant 4 jours de dépassement pour l’ozone durant l’été. Comme l’année précédente, les 12 épisodes aux particules se sont concentrés sur les trois premiers mois de l’année, notamment en mars où ils ont donné lieu à la mise en place de mesures ponctuelles d’urgence, telle que la circulation alternée (le 23 mars), pour faire diminuer leur intensité et leur durée.
In fine, en 2015, cinq polluants dépassent toujours la réglementation, à des degrés divers : le dioxyde d’azote, les particules (PM10 et PM2,5), l’ozone et le benzène. Ce sont les Franciliens résidant dans l'agglomération parisienne et le long du trafic qui sont les plus concernés : au voisinage de certains grands axes la pollution est jusqu’à deux fois supérieure aux normes annuelles. Les niveaux particules PM10 et le dioxyde d’azote font d’ailleurs l’objet d’un contentieux entre la France et la Commission européenne pour non-respect des directives sur la qualité de l’air (respectivement avis motivé et mise en demeure - cf. infractions européennes).
Les niveaux de pollution de l’air nécessitent une action immédiate et de proximité. Alors que Paris accueillait et présidait la 21ème conférence internationale sur le climat (COP21 Paris), la gestion intégrée des polluants du climat et des polluants de l’air est plus que jamais d’actualité. D’autant que 2016 marquera les 20 ans de la Loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie (LAURE) dont le premier article évoquait pour la première fois le droit à chacun de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé.